On pourrait dire qu’Anne Kawala est née en 1980, à Herlincourt, Pas-de-Calais, mais ça ne dit rien. On pourrait dire qu’elle est née dans sa maison d’enfance (ça elle le raconte un peu, entre 114 autres poèmes, dans un premier recueil, les F.aire L.a F.euille (éd. Du Clou dans le Fer, 2008)), qu’elle n’est pas vaccinée, qu’elle a vu des champs pendant 10 ans. Ça expliquerait plus de choses : ce n’est pas une parisienne mais vous ne la verrez pas sans talons. Il faut savoir qu’elle court avec parce qu’elle est souvent en retard. Mais elle ne fait pas ça pendant ses lectures (elle n’est pas en retard, elle ne court pas) : ses bras s’agitent dans une sorte de chorégraphie bizarre, elle lit debout derrière un pupitre une possible traduction de ses poèmes, soit une partition composée autour de textes et de poésies visuelles.
Si ses lectures se passent la plupart du temps dans des lieux d’art contemporain (BétonSalon, Point Ephémère…), c’est parce qu’elle a fait les Beaux-Arts de Lyon, qu’elle en a gardé des liens. Elle en parle dans ses livres, parce que certains de ses amis y exercent, et qu’elle aime écrire pour eux des textes à mi-chemin entre poésie et critique (tentant de biaiser la critique universitaire). C’est aussi pour ça qu’elle dirige une revue en ligne, KazaK, avec Sarah Tritz, ainsi que RoToR, avec la même et Esther Salmona en plus !, qu’elle participe au groupe de recherche ACTH, situé quelque part entre Lyon (ENBAL) et Paris (EHESS).
Mais ça ne dit pas tout non plus : les gestes chorégraphiés appellent des collaborations avec des chorégraphes, les partitions des metteurs en scène, etc. D’où découle notamment une pièce de théâtre, La terreur du boomerang, commandée par Emilie Rousset, pour l’Atelier de la Comédie de Reims (jouée en janvier-février 2010).
Ça, et d’autres choses comme ses rencontres avec X, Y ou Z qui lui racontent des anecdotes historiques, des faits scientifiques ou mathématiques (si vous pensez Oulipo, dites 2 années de médecine), des détails techniques, comme des rencontres avec des auteurs qui lui parlent d’auteurs qui lui parlent d’autres auteurs, ce qui lui parle de gens, lui font faire des livres (à paraître : seul rien’existe, éd. Le Clou dans le Fer, printemps 2010). Et puis elle essaie de comprendre. Or comprendre c’est un tout, ce n’est pas dichotomique, c’est un panier : il y a des œufs dedans et aussi dehors.
ESSAI
Tu vois c’est comme si [essai texte-audio]
12 août 2008
ESSAI
Tu vois c’est comme si [essai texte-audio]