Mes installations articulent leurs composants hétérogènes en une mise en scène quasi cinématographique conçue pour exister in situ
Je creuse un site, en prélève et ramène un ou plusieurs éléments de l’histoire culturelle et technique (souvent lié à l’histoire de la modernité), l’associe à des éléments extraits d’autres contextes, actuels et éloignés, puis recondense les anachronismes, opère des raccourcis, des accélérations temporelles.
Ce qui m’importe, c’est la conséquence de ce processus, ses effets, et non sa lisibilité (ici trop soumise à l’entropie). C’est là que se produit la possibilité d’un récit, encore en suspens, à vrai dire suspendu à l’expérience du spectateur. Ce qui m’intéresse, c’est comment l’objet vient s’écraser dans le présent, au point qu’il semble parfois venir du futur.
Environnements et installations, minimalistes ou foisonnants, superposent représentation et perception de sorte que s’opère souvent une réversibilité ou une substitution de l’une par l’autre. Ils deviennent des moyens paradoxaux d’une exploration : celle de la fiction comme apparition fantomatique, faite de trous et de déplacements spatio-temporels, de directs et de flash-back. Je place le spectateur dans une position d’explorateur-acteur de ses récits et hallucinations, ceux-ci prenant souvent leur source dans l’imaginaire véhiculé par la vision et les genres cinématographiques.
Indices formels, matériaux et surfaces des sculptures, utilisation de la lumière, détails qui s’hypertrophient, ruptures d’échelle, cadrage et angle de «prise de vue» virtuels incluant les positions du spectateur, jouent à recharger le lieu d’exposition de l’hypothèse d’un récit, fondamentalement lacunaire. Des fictions de désordre s’introduisent ainsi à l’intérieur des systèmes organisés pour en réveiller l’activité volcanique.
Théâtralisant le réel – l’espace lui-même et son contexte -, ces fictions se nourrissent de l’inconscient collectif porté par les utopies dites négatives (lieux de piraterie, paradis fiscaux, îlots libertaires, organisations clandestines), ainsi que par l’architecture, par les avant-gardes modernistes et par le cinéma – film noir, d’espionnage, road-movie, science-fiction.
Ce faisant, elles invoquent, de loin en loin et presque incidemment, une sorte d’archéologie des mythes et antagonismes (récurrence de l’imaginaire de la guerre froide) dans la construction du XXème siècle.
Bettina Samson, 2005
Pour l’exposition Veuillez patienter, nous nous efforçons d’écourter votre attente, Bettina Samson invite Marie Voignier à projeter Western DDR dans un cinéma fantôme, proche d’un mirador – tour de contrôle, comme sorti d’un décor de Jacques Tati -…
EXPO
Mon oncle BT 11 – Western DDR
08 décembre 2005
EXPO
Mon oncle BT 11 – Western DDR
Six artistes, cinq heures d’exposition…
HORS-SITE (artiste)
Veuillez patienter, nous nous efforcons d’écourter votre attente
04 décembre 2005
CCO Villeurbanne